il ne faut pas manger avec le diable, même avec une longue fourchette

«Les Européens indignés par la violence de la répression en Libye» … Hier soir, je me suis mis à penser qu’il existe dans les ministères des Affaires étrangères de chaque pays un type qui a la difficile fonction de rédiger les courriers diplomatiques destinés aux dirigeants étrangers.

Imagine un de ces pauvres types hier qui a dû rédiger une lettre pour Kadhafi :

Monsieur,

Il faut absolument répondre aux aspirations et demandes légitimes du peuple pour des réformes, le recours à la violence à l’encontre de manifestants pacifiques n’est pas une solution pour un …

pour un..

pour un…

…tel que vous

Ben oui, pour un quoi au fait ? il a dû en baver le type pour trouver un terme à mettre derrière “pour un” ( la, c’est sûr que j’aurais pu gagner 3 ronds à lui proposer un générateur de phrases aléatoires…)

C’est vrai derrière pour un… qu’aurait-il pu mettre le type ?

• Démocrate ?
• Dirigeant ?
• Despote ?
• Tyran ?
• Leader ?
• Enfoi…

Personnellement, j’aurais opté pour Tyran

Mais c’est vrai que la phrase :

«le recours à la violence à l’encontre de manifestants pacifiques n’est pas une solution pour un tyran tel que vous !»

Ce n’est pas super crédible

C’est vrai, qu’est-ce qu’on attendait de la part d’un dictateur en place depuis 40 ans ? qu’il aille taper gentiment sur l’épaule des gens et leur dise : « Voilà les gars, c’est fini, rentrez chez vous, dès demain, on change tout, et on instaure la démocratie des Bisounours » ?

Ben non, en fait, on s’en doutait quand même un peu.

Mais c’est vrai que depuis 40 ans la vieille Europe transige avec Kadhafi.

• Parce qu’il a du pétrole (et qu’on en a besoin),
• parce qu’il a des sous (et qu’on aime bien qu’il les dépense chez nous),
• parce qu’il enlève une belle épine du pied aux dirigeants des pays d’Europe en régulant pour eux les flux migratoires venu d’Afrique,
• parce que…

Alors c’est sûr que pour le type qui écrit les lettres diplomatiques, ce week-end ça a dû être dur de trouver comment tourner sa missive.

Parce qu’on peut bien dire que la fourchette est longue, que le convive est placé loin et qu’on a pas vu ce qu’il y avait dans son assiette.

mais à la fin du repas, au moment de régler l’addition, et ben, on a l’air con !

Finalement j’aurais été une bouse comme diplomate.

Crédit photo : ”Fourchette dans le Léman‘