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La fraternité se cache au coin du rayon surgelés

Je ne sais pas si vous vous rappelez ou vous étiez il y a quatre ans.
Moi,  j’étais dans ma voiture, et puis plus tard j’ai pleuré.

Je ne sais pas non plus si le 11 janvier, vous étiez dans la rue, moi oui. Parce que j’avais besoin de ne pas être seul.

Je me rappelle aussi des jours et des semaines qui ont suivi de toutes celles et de tous ceux qui ont fait fleurir sur les réseaux sociaux des post qui mentionnaient  « je suis Charlie ».

C’est sans doute cynique de ma part, mais j’ai trouvé ça bizarre ce fleurissement de professions de foi en la « liberté d’expression » car chacun mettait derrière ce mot ce qu’il voulait.
Le respect de la liberté de chacun, la velléité d’une liberté personnelle, la liberté de dire, ou celle de médire.

C’est beau la liberté.

Et grosso modo, c’est pourtant simple à expliquer, ça tient dans un proverbe : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.»

Comme à toute chose malheur est bon (putain j’écris en proverbes aujourd’hui) le drame de Charlie a été pour tous les Français l’occasion de (re)découvrir la devise de la France, tu sais le fameux « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Mon Dieu comme j’en ai entendu des appels à la liberté ces quatre dernières années.

Et des appels à l’égalité aussi. Tiens, regardes, même les gilets jaunes parlent d’égalité. C’est vrai, au départ, ils ont appelé à plus de pouvoir d’achat, et ils ont exprimé un ras-le-bol fiscal (t’as vu, quand je ne parle pas en proverbe, je parle en cliché). Pourtant, après leurs appels à « pouvoir vivre », ils commencent à avoir un discours égalitariste et une prise de conscience d’un système de classe dont ils sont les pigeons.

Bref, ça progresse, doucement, le peuple se réapproprie sa devise.

Par contre, il y a un point qu’on n’aborde jamais : La Fraternité

Et tu sais pourquoi ? Parce qu’englués dans nos problèmes, obsédés par nos envies de réussite (ou au minimum de ne pas échouer) on oublie que nous avons ce devoir de citoyen et d’humains d’être frères.

Oui, ami lecteur, oui, amie lectrice, dis-toi bien un truc, toi et moi nous sommes frères et sœurs.

Et ça je crois qu’on n’est pas prêt à l’entendre.

Parce que c’est dur de se dire qu’un lien fraternel nous unit .

Ce n’est pas simple d’assumer la fraternité

Tiens je te propose une petite expérience simple pour que tu prennes conscience de la fraternité

Le prochain samedi, quand, après une longue semaine de stress et de surmenage, tu devras croiser un supermarché sur ta route, pour y faire tes courses, regarde et écoute celles et ceux qui parcourent les rayons au même moment que toi.

Regarde la bande d’ados désœuvrés qui zonent dans les rayons. Regarde les petits vieux qui papotent en bloquant les allées avec leur caddy. egarde cette maman qui fait des gazous gazous à ses gosses mal élevés, ou cette autre qui colle une taloche à sa fille qui a eu le malheur de la contredire.
Regarde ce jeune couple qui se dévore des yeux avec un air béa, ou les deux quadras, au bord du divorce, qui s’engueulent pour un rien, ou encore le bobo qui remplit son caddy de produits bios.
Jette un œil discret à la maman fauchée qui compare chaque étiquette pour que ses courses rentrent dans son budget. Prends le temps de sourire à la caissière qui se fait engueuler, prête attention au vigile qui a fort à faire avec le clodo qui vient d’essayer de piquer une bière et au clodo qui vient de se faire gauler…

Et n’oublie pas de voir aussi en sortant l’espèce de macho assis dans sa voiture ou il écoute le match en attendant bobonne qui se charge des courses…

Regarde-les bien, tous.

Écoute-les bien, prends conscience leur vie, de leurs bonheurs, de leurs peines, de leurs angoisses et leurs espoirs.

Et à cet instant, rappelle-toi que quelles que soient leurs différences, et bien que tu aies du mal à comprendre qui ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils choisissent ou qu’ils subissent. Bien que vous n’ayez ni la même couleur de peau, ni la même religion, ni les mêmes opinions politiques.

Malgré toutes ces différences :

Chacune d’entre elles est ta sœur, chacun d’entre eux et ton frère.

Le jour où on prendra conscience de notre fraternité.

Le monde sera sauvé.

Ou pas


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6 thoughts on “La fraternité se cache au coin du rayon surgelés”

  1. Lebouil dit :

    Joli texte Laurent… joli texte !

  2. falconhill dit :

    Je trouve ce message vraiment très beau et touchant. Rien à rajouter.

    Il m’a vraiment touché en tous cas, sur pleins d’aspects.

  3. Roger dit :

    Catégorie “Merde, je vieilli’…
    Et après 5 ans et demi, les confinements/vaccinations successifs et leurs lots d’émergence de conspirationnistes de tous poils… sans compter les “répondeurs de question vite répondue” et les premiers de cordée toutes auto-crationalité confondues, … perso, je me rappelle surtout qu’il y a des membres de la famille que j’ai plaisir à côtoyer au quotidien, d’autres que je suis réellement heureux de revoir périodiquement… et les Tontons et Tata qu’on nous impose lors des occasions solennelles, dans les verres desquels j’aurais un malin plaisir à verser quelque substance “chie-braille”, pour leur apprendre à prendre le temps de revoir leur vision de la vie par le bon trou des toilettes…

  4. Créature des Marais dit :

    « La mort d’un homme est une tragédie, la mort d’un million une statistique. » Joe Staline

    1. M. Lolobobo dit :

      @laCDM et dieu sait qu’il avait l’air de bien mieux s’y connaitre en statistique qu’en hommes le bougre ;(

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