Faire de la diplomatie à bas coût

Il y a cette semaine un truc que j’ai beaucoup de mal à comprendre : La déclaration d’Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, sur le fait qu’elle ne se rendra pas en Azerbaïdjan pour la COP 29. Je peux comprendre qu’il y ait des tensions politiques entre les deux pays , sauf qu’il me semble que le problème n’est pas vraiment là.

Alors oui, cette position est motivée par les déclarations d’Ilham Aliev, sur la politique Française, et sur les tentatives d’ingérence du gouvernement azerbaïdjanais dans la politique française.
Et oui encore Cette décision est tout aussi explicable par les tensions politiques entre les deux pays face au conflit en Arménie. Ça fait plein de raisons de ne pas avoir envie d’aller tailler le bout de gras avec le gouvernement d’Azerbaïdjan.
Et oui enfin, dire plein de choses pas très gentilles sur la France quand on accueille et qu’on organise une réunion de l’ONU ce n’est pas très respectueux des conventions internationales.

Mais malgré tout, je trouve que ce n’est pas une bonne idée de sécher la COP.

Parce que c’est bien de ça qu’on parle, on n’annule pas un voyage dont l’objectif aurait été d’aller faire des ronds de jambe au président d’Azerbaïdjan, mais on dit au monde entier que ni le président français, ni sa ministre de la Transition écologique ne participeront à une rencontre internationale dont l’objectif est de trouver des accords pour essayer de réguler le climat.

Et c’est bien dommage.

Je sais, ami lecteur, je sais, amie lectrice, qu’il y a pas mal de gens que les rapports du GIEC font doucement rigoler Je sais aussi que de nombreux pays « gros pollueurs » se tamponnent le coquillard des accords de Kyoto et de Paris. Et pourtant, quand on voit comment se multiplient les épisodes météorologiques catastrophiques, je vois difficilement comment on peut nier que le climat change.

Ce matin, en regardant les nombreux commentaires des lecteurs des sites d’informations en ligne, j’ai été submergé par la prose des trolls de tous poils, de toutes plumes et de tous claviers. Qui t’explique que si tout le monde ne s’engage pas pour le climat, tout ce qu’on fait ne servira pas à grand-chose.

Mais le contraire est encore plus vrai

Si personne ne s’engage alors, on est sûr que rien ne changera.

Une fois par an, depuis 29 ans, on arrive à faire échanger des gens du monde entier sur le climat. Le fait que des pays membres du G8 (comme la France) participent à ses rencontres leur donne du crédit et permettent souvent de faire avancer la cause climatique.

En fait, quand on fait le choix de ne pas aller à Bakou, on montre tout ce qui nous oppose à un dictateur (et c’est vrai que ce n’est pas bien de diner avec le diable même quand on a une grande fourchette). Mais dans cette situation particulière, on dit aussi au reste du monde qu’on préfère défendre l’honneur de la nation plutôt que se tenir au côté de ceux qui s’interrogent sur l’avenir de la planète.

À l’arrivée, notre assourdissant silence n’empêchera pas l’autre andouille de chef d’État totalitaire de pérorer face au monde que « Le pétrole est un cadeau de Dieu »

Bon, tu me diras que ce n’est pas la première fois que la COP est l’occasion de faire la promo des hydrocarbures ; l’an dernier, on avait organisé une COP28 à Dubaï. Je me demande dans quel État pétrolier, on va organiser la COP30, La COP31 et les suivantes.

Heureusement, si on continue à ce rythme d’inaction, il ne va pas falloir des années pour que les humains soient sur la liste des espèces en voie d’extinction, ça fera des vacances à la planète.

Après, je dis ça, je ne dis rien.

Photo d’illustration : Markus Spiske