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Philippe Meoule est mort.

Je l'ai appris hier soir sur Twitter, et çà m'a rendu triste.

Si tu ne le connaissais pas, je te dirais que Philippe animait un blog politique et qu'il venait de lancer un blog culturel, qui participait au groupe des Leftblogs, qu'on avait échangé quelques mels et papoté sur les réseaux sociaux. il commentait aussi parfois ici, et moi chez lui.

Hors d'Internet, nous ne nous étions jamais rencontrés.

Tu me diras que finalement, je ne connaissais pas beaucoup Philippe, et que pleurer la mort d'une personne qu'on ne fréquente pas au quotidien c'est peut être exagéré.

tu iras peut être même jusqu'à me dire que c'est bizarre de pleurer un inconnu.

et bien sur je te répondrai que je ne suis pas d'accord.

C'est vrai que les liens des blogueurs sont bizarres, il y a quelque-part, à deux rues de chez toi ou à l'autre bout du monde une personne avec une vie dont tu ne sais rien et qui un jour va écrire quelques mots,

que le hasard d'un lien ou d'une recherche sur internet va te mener à lire.

Tu aura envie de répondre, alors tu commenteras.

il (ou elle) te répondra,

et un échange commencera au fil des lectures, des questions et des réponses.

Et pourtant, il y a peu de chance que vous vous rencontriez.

Pourtant, si un jour cette rencontre a lieu, tu ne rencontreras pas un parfait inconnu. tu sauras déjà plein de chose sur lui ou elle a travers ses écrits, a travers ses questions a travers ses réponses.

A chaque fois que j'ai rencontré un blogueur (ou une blogueuse) je savais déjà plein de choses sur lui sur ce qui le passionne sur ce dont il a envie de parler. et il en savait autant sur moi.

Si on y réfléchit bien, ces liens qu'on dit virtuels sont déjà bien plus forts que ceux qu'on crée les gens qu'on croise tous les jours sans jamais leur adresser la parole. et quand ses liens se brisent ça peut aussi te toucher

le blogueur (même quand il milite pour l’anonymat) n'est pas un inconnu,

c'est un ami en devenir.

Salut Philippe, Salut l'Ami !

Je me rappelle aussi que tu aimais Doc Watson, tu en avais parlé l'an dernier à sa mort, peut être le salueras tu pour nous.

Après, je dis ça, je dis rien

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Il y a des jours ou vous passez une porte et ou vous ne savez pas que ça va changer définitivement votre regard sur le monde. Une fois passé le seuil vous rencontrez des gens font changer votre vie.

Ça m'est arrivé un lundi de septembre au début des années 90. En cherchant un moyen de ne pas faire mon service militaire (mon anti militarisme primaire), je m'étais intéressé au service civil, et j'avais choisi de le faire dans une association, tant qu'a perdre 10 mois de de ma vie, autant que ça puisse au moins être un peu utile...

Ce lundi de septembre donc je passait la porte des bureaux d'une association qui travaillait avec des sans domicile fixe. en me disant que j'allais peut être faire quelque choses de bien pour eux.

Ce que j’ignorai a l'époque c'est que je ne ferais pas plus pour eux qu'il ne feraient pour moi

Nous avons avancé ensemble, et finalement je dois plus a celles et ceux que j'ai rencontré qu'ils ne me devront jamais.

La ou j'avais pensé passer dix mois, j'ai passé 10 ans j'ai rencontré des centaines de personnes, celles qu'on accueillent et celles qui accueillent, j'ai partagé des histoires belle, tristes, heureuse, dramatique ou magique, j'ai découvert des gens avec une foi absolue, en Dieu ou en l'homme, j'ai bossé avec des salariés, des bénévoles, des gens de la rue, des anars et des militaires, des militants de droite et de gauche, des femmes et des hommes : des humaniste de tous horizons

J'ai appris des morts et j'ai pleuré, des naissances et j'ai souri, j'ai été invité a des pendaisons de crémaillère, j'ai partagé la nuit la plus longue de l'année avec des sans logis. j'ai vu naitre Un SAMU Social, des centres de soins et des accueils de jour. J'ai sensibilisé des gens au bénévolat et a l'engagement citoyen contre les exclusion. Bref j'ai adapté mon job de communicant a la manière de faire de l'association qui m'avais accepté en son sein.

Je n'ai pas communiqué sur la pauvreté, mais cherché a faire communiquer ceux qui la vivait et la combattaient au quotidien.

Parmi toutes ces rencontres, il y en a qui m'ont marqué plus que d'autre.

Philippe par exemple

J'ai toujours connu Philippe dans la rue.

parfois saoul, parfois non

Je l'ai vu prendre la décision de tous changer, et le faire (ou pas). je l'ai croisé un matin sur le bord de la gare décidant de partir pour Lourdes avec un train de pèlerin, et décider pour le temps d'un pèlerinage de se faire brancardier.

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je l'ai vu participer a une fête de quartier et aider une petite fille toute triste à retrouver sa petite voiture égarée.

et nous avons discuté souvent

il y a un truc qui me reste de ces dialogues, souvent quand la colère devient trop grande, quand la discussion touche a des sujet sensible, quand on lui rappelle un rendez vous important avec l’assistante sociale, ou le médecin, il lève le ton, il se redresse il me regarde et de sa voix rocailleuse il me dit «Laurent J't'emmerde !».

La première fois ça ma fait tout drôle, je ne l'attendait pas...

Marianne, l'assistante sociale était a mes cotés, elle l'a regardé elle lui a souri et elle lui a dit : «Nous aussi on t'emmerde Philippe», il a souri, moi aussi

...Le «J't'emmerde » et le sourire sont resté dans nos échange

Un j’t'emmerde de Philippe c'est un sourire, un je t'aime pudique un aveux de faiblesse ou de reconnaissance, une déclaration d'amitié en un mot.

Quand je suis parti pour la Bretagne, on a fait une fête. Philippe et d'autres gars que j'avais croisés étaient la.

il m'a pris dans ses bras et m'a dit «J't'aime et J't'emmerde! prend soin de toi et de tes enfants...»

j'ai fait ça

Depuis je n'ai pas revu Philippe, la dernière fois que j'ai trainé dans les rues de la ville de mon enfance, il n'était pas là.

et puis hier il y a eu un article dans le journal

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Philippe a été hospitalisé en décembre

Pendant qu'il était à l'hôpital, au sein de l'asso chacun c'est activé pour lui trouver un lieu de convalescence (et même avec un peu de chance de résidence, il faut dire qu'il a 72 ans et que ce serait bien qu'il trouve un endroit pour se poser) , mais c'est long et difficile de trouver un lieu de vie.

apparemment trop pour certaines personnes de l’hôpital qui l'on déposé dans la journée du 31 décembre devant les portes du SAMU social vêtu d'une simple chemise d’hôpital.

J'aimerai juste dire «J't'emmerde » au type qui l'a viré de l'hosto avant d'aller réveillonner, histoire sans doute de ne pas surcharger ses stats d'occupation de lit, en se disant que de toute façon les SDF sont fait pour vivre et mourir dans la rue.

mais bien sur, je dis ça, je dis rien! (quoique)

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Le privilège du gars qui vient de fêter ses 40 ans, c'est qu'il lui reste quelques souvenirs du temps «avant» Internet.

Il y a une vingtaine d'années quand j'étais un tout jeune «pro» du marketing et de la com, quand mon patron ou un client me demandait de réfléchir à un projet de communication ou d'information, je devais non seulement trouver un concept qui puisse fonctionner (c'est a dire atteindre les objectifs fixés) mais aussi tenir compte du rapport coût efficacité. par exemple, imaginer un très bon mailing qui déclenche une réaction positive des clients c'était bien, s'arranger pour que ce mailing soi bien ciblé et provoque le plus de retour sans couter un bras, c’était mieux.

Internet a changé la donne, le coût de diffusion devient marginal, on peut donc s'autoriser plein de trucs en priant le dieu buzz d'agir pour nous.

C'est vrai pour le marketing, mais ça marche aussi avec n'importe quelle «bien» immatériel. aujourd'hui, un texte, un ne photo, ou une vidéo réalisés dans n'importe quel coin du monde avec des moyens limités peut toucher énormément de monde en quelque heures ou quelques jours. Un auteur qui aurait mis des mois (voir des années) à trouver un éditeur peut publier en quelques minutes son manuscrit sur le web. un jeune chanteur plein de talent peut espérer trouver son public sans avoir a passer des années a jouer dans des troquets pouilleux. Un blogueur peut espérer toucher chaque jour autant de monde qu'un petit quotidien régional, et un twittos peut devenir un humoriste génial en 140 caractères.

D'un coté je trouve ça fabuleux, cette facilité de diffusion m'a moi même permis de «m'autoriser» à lancer des projets comme le glossaire du social ou le générateur de bios qui ont trouvé leurs publics sur le web, alors qu’éditer le premier sous forme de guide papier aurait couté fort cher et que le deuxième n'aurait jamais touché personne s'il avait édité même sous forme de freeware.

D'un autre coté, cette capacité a «s'autoriser» à publier tout et n'importe quoi nous pousse parfois a ne plus réfléchir a ce qu'on publie

Par exemple si tu suis un peu la blogosphere techno geek, observe les journées ou Google lance un nouveau service (ou celle ou Apple lance un nouveau téléphone) tu trouvera des centaine de post de blogs qui se contentent de dire « et les gars, Google lance un nouveau service, et la marque a la pomme lance un nouveau portable» sans une ligne d'explication en plus, sans regard critique sans ce petit plus qui fait toute la différence...

C'est pareil avec la pub, il vient un moment ou on ne cherche plus a promouvoir le produit, mais a faire parler de la pub, on cherche a faire du bruit,sans savoir si le buzz serra bon ou mauvais.

Tiens prends l'exemple de la dernière campagne de pub de Cuisinela, elle nous traine dans le gore (the walking dead c'est les bisounours à coté) tout çà pour te faire croire qu'avoir une cuisine en mélaminée fabriqué à la chaine dans une usine automatisée sera la plus importante expérience de ta vie.

Plus proche de nous dans le temps la nouvelle campagne de pub de microsoft, qui transforme un gamin de 8 ans en vendeur d'ordinateurs devant le regard attendri des geeks qui s'extasient face à un petit singe savant qui maitrise si bien les tablettes tactiles... Ben cette campagne me laisse une drôle de sensation, on fait vendre un ordinateur (qui a sans doute été fabriqué tout ou en partie dans des usines aussi peut respectueuses des droits du travailleur que celle de Foxconn) par un gamin dans un pays (le Portugal) ou le marché du travail part en cacahuète... tout de suite dans mon cerveau tordu ça fait clignoter le voyant «travail des enfants», et je suis sur que je ne suis pas le seul a ressentir ce truc.

Si comme moi il y en a 10, monsieur crosoft aura fait une pub toute mimi, si comme moi nous sommes des millions, monsieur crosoft enverra son comunity manager nous dire qu'il n'avait pas pensé a ça , mais que c'est pas grave, que chez crosoft ils aiment les enfants (le la même que chez Cuisinella il aiment les presque-morts)

Mais dans tous les cas de figures, ils se seront abstenus de prendre le temps de réfléchir au conséquences de ce qu'il auront publiés.

Car c'est la qu'est le problème (ou pas ) du web, on ne se pose plus la questions de savoir si on doit publier ou pas, on publie (quitte a supprimer plus tard).

Pire, on republie sans vérifier ses sources, ni les citer.

Tiens, prend la non fin du monde du 21 décembre dernier il y a 20 ans elle n'aurait été propagée que par des fous furieux sur la place du marché dans de vilains feuillets dactylographiés et polycopies (oui il y a20 ans les photocopieuses existaient mais la polycopieuse ça fait un peu plus illuminé 😉 ) grâce a la facilité de publication du web, les blogs et les sites ont fleuri sur le sujet.

Quand au réseaux sociaux, et au micro blogging, ils autorisent ceux qui ont des propos sans fondement ni matière à publier des sophismes. l'exemple de #simonfilsestgay sur Twitter ce week-end le prouve. une bande d'ados pré-nubiles n'ayant pas encore déterminés pour certains leur orientation sexuelle (mais s'étant sans doute basé sur youporn pour faire leur culture) ont lancé une chaine d'absurdités qui réussissent le double exploit d'être a la fois homophobe et misogyne. c'est a vomir.

Alors oui, des projets comme Wikipedia nous prouvent plusieurs fois par jour que l'internet a fait baisser le prix du savoir et a démocratisé son accès.

Mais les internautes font surtout chaque jour augmenter la valeur de la connerie et de sa diffusion.

comme disait l'autre «le problème avec l'informatique se trouve généralement entre le clavier et le fauteuil».

Après, je dis ça, je dis rien

l'illustration vient de là

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Tu vas me dire que mon titre est tout pourri parce que Pluto est un chien, et que la vache c'est Clarabelle. mais méfie toi, comme je suis de mauvaise humeur ce matin je risque de t'envoyer paitre au pays des Jedis et castors juniors!

Bref, comme de nombreux Français, je bosse à la maison.

tu trouveras sur le web toute une littérature sur le sujet avec des pour et des contres.

Dans la série des pour, il y a la disponibilité qu'on peut se donner, et la possibilité qu'on a de choisir l'heure à laquelle on bosse.

Tiens, par exemple, pour moi dont une grande partie du boulot consiste à développer des applications web, le matin est un moment super agréable pour bosser.

  • Tu commence par te faire un café (ou un thé),
  • Tu t'installe a ton bureau
  • et tu alignes tes premières lignes de codes , au calme dans une maison silencieuse.

Je n'irais pas jusqu'a dire comme certains intégristes que «le code est de la poésie» mais il y a un immense sentiment de plénitude et de sérénité qui enveloppe l’âme quand l'esprit les doigt vagabondent sur le clavier pour donner naissance à une vue de l'esprit, et que dehors dans le silence l'aube commence à poindre à l'horizon...

jusqu’à ce que tu entende dans la maison un pas précipité et qu'un chat surgisse sur ton clavier (généralement au milieu d'une boucle do-while) pour réclamer des caresses

  • que tu t'exécute
  • et que tu le repousse
  • en essayant de retrouver le fil de ton raisonnement

là tu peux bosser à nouveau

Horace

jusqu’à ce que tu entende dans la maison un pas précipité et qu'un chat surgisse sur ton clavier (généralement au milieu d'une boucle for) pour réclamer des croquettes

  • tu te dis à cet instant que finalement ce n'est pas grave, car c'est l'heure de ton second café.
  • tu vas donc à la cuisine,
  • tu nourris le chat,
  • tu te sert un café,
  • tu retourne à ton bureau cependant que le chat bâfre.

phil

et tu te remet en connexion spirituelle avec les l'univers des expressions régulières et de l'algèbre de Boole

jusqu’à ce que tu entende dans la maison un pas précipité et qu'un chat surgisse sur ton clavier (généralement au milieu de l'écriture d'un point d’arrêt) pour te suggérer de manière impérieuse de lui ouvrir la porte d'entrée pour qu'il aille au choix, soi pisser un coup soi courir la minette

  • Tu sent alors que ta sérénité de développeur fond comme celle d'un moine bouddhiste au moment de l'asseau des forces militaires chinoises,
  • comme le moine bouddhiste tu pense à l’immolation (mais toi tu penses plutôt à celle du chat),
  • tu vas jusqu’à la porte d'entrée,
  • que tu ouvres au félin félon,
  • et enfin il se barre.

et tu essayes de revenir à ton boulot

  • tu lances un test de ton fichier de travail,
  • tu obtiens plein d'erreurs de compilation,
  • tu maudis le chat,

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et tu te dis

«j'aurais mieux fait d'adopter une vache, tant qu'à perdre autant de temps le matin, J'aurai eu du lait frais...
et j'aurais pu en donner une coupelle au chat»

Après je dis çà, je dis rien

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Oui ami lecteur, je suis un grand malade.

Tu me diras que tu t'en doutais un peu à la lecture de textes comme le beach rugball, ou à l'utilisation de mes couilloneries (comme les a affectueusement baptisées Falconhill) que sont le générateur de bios ou l'amphigouriquator.

Pourtant ce n'est pas ça dont je veux te parler, mais de l'orthographe de mes billets.

Tu n'auras pas manqué de remarquer qu'aucun de mes écrits ici n'est exempt de fautes.

  • Peut-être aura tu mis cela sur le compte d'un apprentissage de la lecture par la méthode globale (ben non, j'ai appris avec la méthode du béaba.
  • Peut-être auras-tu mis cela sur le compte de la pauvreté de mes lectures (Ben non, depuis que je sais lire je lis un ou deux bouquins par semaine).
  • Peut être penses-tu que mon correcteur d'orthographe et déficient (non le mal qui me ronge est juste plus subtil que lui).
  • Peut-être as tu une autre explication, rassure toi depuis près de 35 ans il n'y a pas une seule personne que j'ai rencontré qui ne m’ait proposé une très bonne explication pour expliquer mon handicap.

Mais en fait non.

Je souffre de ce qu'on appelle la dysorthographie (et j'ai découvert çà il y a finalement peu de temps).

La dysorthographie, pour (essayer de) faire simple, est comme tous les troubles en «dys» (dyslexie, dyscalculie, ...) un trouble des apprentissages de base.

Comment t'expliquer ça, une sorte impossibilité d'apprendre les règles les plus simples (même si paradoxalement on peut maitriser les règles plus complexes, de la grammaire ou la conjugaison).

C'est assez compliqué à comprendre pour les gens «normaux» , je vais essayer de te décrire les symptômes. Je connais la plus grande partie des règles de grammaire. par contre je suis dans l'incapacité de les mettre en œuvre au moment la production d'un écrit. Si on prend par exemple cette phrase que j'écris et que tu lis. je l'imagine, je la vois dans ma tête, je sais a quel temps quel mode et quel personne je l'écris, mais je suis tout à fait incapable de te dire à quoi elle va ressembler au moment ou je l'aurai écrite. c'est ainsi que tu trouveras (et facilement en plus non pas trois fois la même faute dans un de mes textes, mais trois variantes différente d'un même mot)

Pire comme (souvent) la dysorthographie s'accompagne d'un peu de dyslexie (la capacité à lire aisément), ainsi mon cerveau (le fourbe) est capable de mettre en place des «rustines» qui font qu'au moment de la relecture, il occulte les fautes pour rendre le texte compréhensible.

Donc je peux imaginer un texte, l'écrire, le relire (plusieurs fois) le valider et ne réaliser que bien plus tard qu'il reste farci de fautes et de contresens.

C'est démoniaque.

Quand j'étais petit, j'ai le souvenir de longues après-midis, à préparer des dictées, à les faire et à les refaire (en «inventant» de nouvelles fautes à chaque réécriture) pour finir par faire en classe des fautes nouvelles.

Chacun de mes écrits est une réinvention complète de la langue.

Si c'est pas de la créativité çà mon bon monsieur 🙂 .

Ne va pas croire que je cherche ton indulgence, tu as parfaitement le droit de penser que je me fout de toi quand tu es face à un texte a l'orthographe innovante 😉

C'est juste qu'il y a quelques mois, au cours d'une conversation avec ma compagne et des amis, le sujet des «dys» est ressorti et que je ne sais plus qui m'a dit ce serait intéressant que j'en témoigne. Parce que malgré ce handicap je m'obstine, à écrire et a bloguer.

Donc non, je ne cherche pas de ton indulgence. j'ai réussi a vivre très bien sans pendant des années.

Imagine ; toute ma scolarité j'ai été un élève plutôt bon, pas brillant, mais curieux avec des notes plutôt bonnes (à part en orthographe).

Et c'est ça qui est dramatique, c'est qu'on peut être dys, non dépisté et avoir une scolarité (presque) normale, si on arrive à faire exception des petits camarades qui vous éclaboussent de toute la grandeur leur orthographe. des profs qui vous affirment au moment de vous rendre votre copie que vous n'avez pas assez bossé votre dictée, et des parents qui impressionnés par vos capacités scolaires par ailleurs ne comprennent pas (et ne cherchent pas non plus à comprendre) pourquoi au milieu de cette mer de notes largement au-dessus de la moyenne se glissent des notes pitoyables en orthographe.

Ce que j'aimerai faire comprendre c'est que pour un «dys» , lire, écrire, compter ou apprendre certains mouvements, c'est un peu comme bâtir sur du sable, il y a un truc mal foutu au niveau des fondations, qui fait que tout ce que tu peux construire au dessus est voué à s'effondrer.

Ce qui est rigolo (si si) c'est que durant toute ma scolarité (et même de ma vie d'adulte) , personne (même pas moi) ne c'est douté de ma dysorthographie.

Mes petits camardes ont continué à me charrier, mes profs à me rendre de magnifiques zéro, mes parents ont réussi à se convaincre que j'étais nul en orthographe et qu'il n'y avait rien à y faire . et moi, j'ai décidé que peu m'importait la douleur des pupilles de ceux qui me lisent.

J'ai décidé que j'avais le droit d'écrire, de m'exprimer, d'utiliser toute la richesse de la langue pour écrire des conneries et produire des machines à couillonnades.

Et c'est le hasard qui m'a fait découvrir le nom de ma maladie. C'était il y a quelques années, je donnais une formation dans un centre social. et parmi mes «éléves» il y avait une jeune femme. Le hasard à voulu qu'elle soit orthophoniste, qu'elle m'explique un peut son boulot, et qu'elle décide de me tester.

je me suis découvert dysorthographique à plus de 30 ans.

Comme tu le vois je ne suis pas guéri (je ne me suis pas soigné, honte a moi) mais je connais mon mal, j'en connais les symptômes.

Je voudrai juste rajouter deux choses.

Tout d'abord, te remercier ami lecteur de venir me lire malgré tout.

Deuxièmement t'inviter à être attentif aux gamins autour de toi qui apprennent à lire et a compter. si malgré les longue séances d'apprentissage par cœur et de répétitions, il y a des choses qui refusent de rentrer dans leur petite tête blonde (ou brune, ou rousse, ou chauve). Il y a peut être quelque chose a faire de différent pour que ça marche mieux.

Si si.

J'ai deux enfants à qui j'ai refilé une partie de mes tares. Sauf qu'avec madame Lolobobo nous avons pris la peine de nous interroger et d'aller voir des personnes pouvant leur proposer des méthodes alternatives pour solidifier les fondations. et que (chez les enfants) les résultats sont généralement rapides et stupéfiants.

J’espère même que quand ils seront vieux et blogueurs, d'ici 20 ou trente ans, il n'auront pas de gentils commentateurs pour leur ressortir le Bescherelle dans les commentaires.

Sinon, il y a quelques jours, c'était la journée des Dys.

Après, je dis çà, je dis rien.