Quand la force est une faiblesse
Parfois, sur Internet, on découvre des histoires surprenantes. C’est l’histoire d’un objet que tous les élèves et étudiants Français connaissent, qu’ils ont pratiqué pendant des années et qui finalement aura réussi à faire mentir Darwin : de temps en temps ce ne sont pas les plus forts qui survivent.
En 1947 Robert Müller et Gaston Cavaillon, créent une entreprise de production de mobilier en tube d’acier il lui donne un nom composé de leurs deux premières syllabes : Mullca.
Rapidement, ils vont créer du mobilier qui va séduire l’éducation nationale. Et en 1964, Gaston Cavaillon invente une chaise pour les écoles aux propriétés remarquables : la Mullca 510.
- Elle est commercialisée à un tarif accessible,
- elle est conçue sans rivets en métal plié et soudé par brasure,
- elle peut supporter un poids de plus d’une tonne,
- elle est empilable,
- elle est produite en six tailles en fonction de la taille des enfants
- Forte de toutes ces qualités, elle passe pour indestructible et pour une réussite de design.
Plus de 12 millions de chaises Mullca 510 ont été vendues, et au plus fort de la production, une licence a été accordée à d’autres fabricants pour qu’ils puissent en assurer la production.
Aujourd’hui, on peut trouver chez des brocanteurs des 510 originales vendu plusieurs centaines d’Euros, et nombre de créateurs et de designers réinterprètent l’objet historique des salles de classes à leur façon.
Je suis sûr que vous avez posé vos fesses dessus pendant une grande partie de votre scolarité. Vous avez sans doute sué sang et eaux sur des problèmes de math, assis sur une de ces chaises. Vous avez sûrement à un moment décroché durant un cours d’histoire, laissant votre esprit vagabonder dans les rues de la Rome Antique, ou dans celle du Paris de la révolution. Vous vous êtes peut-être assoupi près du chauffage, un matin d’hiver. Vous avez sûrement même essayé de vous balancer et réussit à tomber en fracassant la chaise.
Et c’est la que ça devient drôle, parce qu’une chaise Mullca 510,même si on arrive à la casser, elle se répare avec deux points de soudure.
Le paradoxe de cette robustesse, c’est que l’entreprise ayant un faible taux de renouvellement de ces chaises a fini par fermer ses portes à la fin des années 90.
Comme quoi la durabilité et la fiabilité d’un produit n’est finalement pas gage de durabilité pour son fabricant.
La morale de cette histoire, c’est que si tu veux faire dans le capitalisme, tu as plutôt intérêt à fabriquer de la merde.
Après, je dis ça, je dis rien.